Marteler dans un mélange futaie-taillis en conversion en futaie irrégulière
Le 26 septembre 2025, le CNPF Bourgogne – Centre National de la Propriété Forestière – a organisé une réunion forestière sur le thème « Marteloscope - Marteler dans un mélange futaie-taillis en conversion en futaie irrégulière» à Azy le Vif – Nièvre – Bourgogne. Le gestionnaire nous a présenté la forêt, les modes de gestion utilisés et les difficultés rencontrées pour gérer ce type de peuplement. Un exercice de martelage en situation réelle a été réalisé par les participants.
Qu’est-ce qu’un marteloscope ?
Un marteloscope est une parcelle de forêt qui a été aménagée pour réaliser un exercice fictif de martelage de coupe de bois d’œuvre. Tous les arbres de la parcelle forestière sont numérotés et cartographiés auparavant. L’exercice consiste à relever les numéros des arbres qui seraient à prélever en fonction des objectifs fixés, puis de comparer les résultats avec les objectifs. Cet entrainement permet de découvrir le martelage, ou de se perfectionner.
La forêt de Azy le Vif
La propriété compte plusieurs entités dont la forêt de Chabet et le Bois du Petit Rond, elle s’étend sur environ 300 hectares. Deux grands types de peuplements sont présents :
Un mélange futaie-taillis chêne-charme
De jeunes plantations mélangées de diverses essences
Historique de la forêt
Cette propriété a été gérée pendant plusieurs siècles en taillis sous futaie, un mode de gestion qui permettait à la fois de produire du bois de chauffage, et des chênes pour la construction. Le taillis sous futaie est régi par une norme qui impose un certain nombre chênes de baliveaux, modernes et anciens sur la parcelle. Le taillis était coupé à blanc tous les 30 ans.
Dans les années 1970, une partie de la propriété a été plantée en résineux qui ont aujourd’hui disparus.
Le peuplement de la parcelle forestière n°14
Le peuplement est un mélange futaie-taillis chêne-charme très riche, la surface terrière dépasse 20 m²/ha. Les classes de diamètres dominantes sont 40, 45 et 50 cm, on note un déficit en Petits Bois.
Les données pédocilmatiques de la parcelle 14
La profondeur de sol est de 70 cm, limoneux sur les premiers centimètres puis il est progressivement chargé en sable avant de finir sur un plancher d’argile à partir de 50 cm. L’humus est de type oligomull, une richesse chimique moyenne. Les précipitations annuelles sont de 813 mm/an, assez mal réparties avec un stress hydrique de mai à septembre.
Objectifs de gestion forestière
Le diamètre d’exploitabilité est fixé à 70 cm, l’objectif est d’améliorer les Bois Moyens, de récolter les bois mûrs et les bois dépérissants. Le taux de prélèvement de bois d’œuvre prévu est de 20% du volume, les rotations sont prévues tous les 12 ans.
Exercice de martelage
Plusieurs petits groupes ont sillonné la parcelle et annoté les arbres à prélever, les arbres à conserver et les raisons de leurs choix : prélèvement, amélioration, biodiversité… Chaque arbre a été sujet à discussion, les groupes ont fait des choix différents. Les résultats permettent de comparer les volumes prélevés et leur répartition au sein de la parcelle. Quelques arbres ont été prélevés par la majorité des groupes, notamment les arbres dépérissants.
Vers une futaie irrégulière
Le peuplement va progressivement évoluer vers une futaie irrégulière. Plusieurs méthodes peuvent être envisagées pour y arriver, avec pour objectif de diminuer la proportion de taillis et d’augmenter la proportion de bois d’œuvre.
La méthode Taurë
Dans ce type de peuplement riche, les classes de diamètres les plus représentées sont 40, 45 et 50 cm, il n’y a pratiquement pas de régénération naturelle vu la densité de chênes et le couvert arboré fermé.
Taurë préfère :
- Prélever les bois dépérissants en priorité
- Prélever progressivement des Très Gros Bois de façon mesuré, dans ce peuplement 8% du nombre de tiges pour 15% du volume
- Maintenir des Très Gros Bois une à deux rotations supplémentaires si besoin pour éviter de créer de grosses trouées
- Eviter au maximum les sacrifices d’exploitabilité
- Prélever le maximum de taillis pour favoriser les chênes
- Garder les arbres morts sans valeur financière pour améliorer la biodiversité, ainsi que les essences précieuses et diverses
- La régénération naturelle n’est pas une priorité dans ce type de peuplement très riche, elle est toutefois favorisée quand elle apparait
La parcelle forestière 14, une parcelle exceptionnelle
Rare sont les parcelles boisées aussi riches que la parcelle forestière 14. Sur les 300 hectares de la propriété, cette parcelle est la plus riche. Dans les forêts bourguignonnes, cette parcelle fait exception, le volume de chêne est très souvent bien inférieur. Une gestion fine du capital de bois permet d’augmenter progressivement la valeur de la forêt.