Le douglas – Adapter la sylviculture face au changement climatique
Le 10 octobre 2025, le CNPF Bourgogne – Centre National de la Propriété Forestière – a organisé une réunion forestière sur le thème « Le douglas – Adapter la sylviculture face au changement climatique » à Saint Vallier – Saône et Loire – Bourgogne. Une forêt de douglas d’une cinquantaine d’année a servi d’exemple pour les données étudiées, puis une plantation mélangée en essence a été visitée.
Les sylvoécorégions bourguignonnes
Les régions forestières bourguignonnes sont variées, chaque sylvoécorégion a ses caractéristiques :
- Climat
- Géologie
- Altitude
- Pluviométrie
- Relief
- Paysage
Certains contextes sont plus favorables que d’autres pour la sylviculture du douglas.
Les caractéristiques du douglas
Le douglas est une essence très dynamique. Il supporte des périodes de manque d’eau mais a tout de même besoin d’un minimum de 200 mm de pluies l’été. Il a l’avantage de capter l’humidité et l’eau par ses aiguilles, ce qui lui permet de se rafraichir. Il craint les longues périodes de fortes chaleurs récurrentes sur les 10 dernières années.
Les douglas bourguignons, un contexte pour chaque région forestière
Bien qu’il ait été implanté dans de nombreuses régions forestières, il est aujourd’hui en limite de station dans de nombreuses sylvoécorégions : il subit principalement le manque d’eau. Pour simplifier, il est très bien adapté au-dessus de 600 mètres d’altitude, et peu ou plus adapté en dessous de 400 mètres d’altitude. Entre 400 et 600 mètres d’altitude, c’est le contexte écosystémique qui détermine son adaptation.
Les problèmes sanitaires du douglas
On constate des problèmes sanitaires sur presque toutes les essences forestières, sur le douglas aussi, ses problèmes sont principalement liés au stress hydrique :
Nécroses cambiales : fentes de lécorce liée à un mécanisme de protection de l’arbre face au manque d’eau
Dépérissements : les arbres sèchent petit à petit, certains perdent une partie de leurs aiguilles
Mortalités
Gestion des peuplements en limite de station
Plusieurs gestions peuvent être envisagées dans les peuplements de douglas en limite de station forestière :
- Diminuer les révolutions des peuplements : on récolte les bois plus rapidement sur une même parcelle, ce qui implique de planter et de réussir ses plantations. Bien qu'il puisse être envisagé, nous ne conseillons pas cet itinéraire sylvicole.
- Allonger la durée du peuplement : on produit des gros bois de qualité et de forte valeur, en doublant la durée de vie du peuplement
- Irrégulariser le peuplement : on allonge la durée du peuplement tout en favorisant la régénération naturelle et le renouvellement
- Favoriser les essences secondaires : ce choix est complémentaire de la méthode d’irrégularisation du peuplement, il augmente sa résilience et le sécurise face aux aléas climatiques
Itinéraires de sylviculture adaptés au contexte
Que ce soit en futaie régulière ou irrégulière, allonger la durée de vie du peuplement apparaît comme la meilleure solution, ce qui permet de produire des gros bois de qualité. On limite les pertes financières liées aux dépérissements en raccourcissant les éclaircies à 4 – 5 ans afin de valoriser ces bois sans perte de valeur. Les unités de gestion doivent être plus grandes puisque les prélèvements sont plus faibles à chaque passage.
Produire des gros bois de qualité
Produire des gros bois de qualité présente de nombreux intérêts :
- Augmenter l’accroissement
- Augmenter le capital de la forêt
- Augmenter la valeur de la forêt
- Multiplier les semenciers
- Obtenir une lumière diffuse
- Optimiser le stock de bois
- Favoriser la biodiversité
- Maintenir un aspect paysager agréable
Limiter le tassement des sols
Des cloisonnements d’exploitation doivent être respectés pour limiter le tassement des sols. Quand la régénération naturelle commence à s’installer, les cloisonnements doivent être matérialisés pour pouvoir les maintenir à chaque exploitation.
La régénération naturelle de douglas
Allonger les cycles des peuplements gérés permet de favoriser la régénération naturelle, une méthode de renouvellement plus longue mais moins risquée. En effet, on peut faire régénérer les peuplements en continu, prendre le temps de réussir son renouvellement.
La plantation en mélange
Planter une seule essence sur une parcelle a longtemps fonctionné, mais aujourd’hui c’est de plus en plus risqué. Mélanger les essences dans une plantation présente certains avantages :
Augmenter la résilience du peuplement
Augmenter la biodiversité
Limiter les risques sanitaires monospécifiques
Favoriser les interactions inter-essences
Quels peuplements forestiers pour l’avenir ?
C’est peut-être la question la plus difficile pour un forestier, nous nous projetons sur un cycle de 80, 100, 150 ou même 200 ans sans connaître les évolutions du climat. Le bon sens nous guide autant que l’expérience, avec une certitude : ce qui a fonctionné hier peut ne plus fonctionner demain.